Optimiser l’entraînement, partie 3 : Donner des défis pour aller plus loin
(Adaptation en 2022 d’un article publié dans l’édition 20 de Workout Mag en 2017 par Matthieu Dubreucq).
Dans cet article, nous allons explorer une réalité de l’entraînement qui est souvent oubliée : les athlètes passent beaucoup plus de temps à l’extérieur de leur salle d’entraînement qu’à l’intérieur. Le pire, c’est que c’est normal et logique, donc on n’y pense même plus. On se dit : « Ben, y a juste à maximiser le temps à l’entraînement». Mais ce n’est qu’une partie de la solution. Prenons le temps de voir comment donner des défis aux athlètes à l’extérieur de ce qu’on appel l’entraînement traditionnel pour maximiser leur performance.
La première chose est de dresser une liste de ce qui est important pour la performance. On séparera ce qui est réalisable à la salle d’entraînement et, ce qui pourra être fait à l’extérieur. On pense ici au sommeil, à la nutrition, à l’horaire de travail / personnel, la santé en général, la mobilité, les connaissances de la méthodologie, l’état d’esprit, etc. On se rend vite compte que pour devenir un athlète, l’entraînement et le coach ne sont que des éléments de la solution parmi d’autres. Parfois le rôle du coach est d’organiser l’environnement nécessaire à l’épanouissement de ses athlètes. Avec l’expérience, on s’aperçoit qu’il ne suffit pas de connaître et d’enseigner les éléments de la liste plus haut, il faut la faire vivre à nos athlètes si l’on souhaite qu’ils apprennent et intègrent ses éléments importants. Une bonne solution est de proposer des défis !
Si l’on prend la nutrition, par exemple, comment organiser les défis (il en faudra plusieurs) ? On ne peut pas simplement dire « Je vous mets au défi de bien manger ». Il faut prendre l’ensemble de la nutrition et en sortir des éléments difficiles et singuliers. Exemple : éliminer le sucre ajouté ! Autre exemple : mesurer les protéines, glucides et lipides. Ou encore : éliminer le café, etc. Plus le défi est précis, plus il y a des chances d’enseigner quelque chose, et d’avoir des résultats. Donc, le premier défi pourrait être : 4 semaines sans sucre ajouté. On ajoute les règles du jeu : pas de sirop d’érable, agave, édulcorant comme l’aspartame ou le stevia, sirop de maïs ou autres. On acceptera les fruits, légumes, pommes de terre, quinoa. On précise aussi comment savoir s’il y a du sucre : il faut... lire les ingrédients. C’est là que le sucre sera présent ou pas. On organise par la suite les dates du défi et, élément très important, on établit une feuille d’inscription officielle avec ou sans tarif d’inscription. Plus le défi est difficile, plus c’est une bonne idée de faire payer une inscription, car il y a plus de chance que quelqu’un fasse le défi au complet avec le sentiment authentique d’être inscrit à quelque chose.
Si l’on parle du sommeil, il peut être difficile de mettre en place un défi sur le nombre d’heures au lit. On pourrait décider de dire que le défi est de dormir un minimum d’heures (exemple 8) par nuit. Par contre, un autre type de défi pourrait s’effectuer en deux étapes. La première, deux semaines où l’on garde en note nos heures de sommeil et la deuxième, deux semaines où l’on met en action un changement dans les heures de sommeil. Par exemple, si on se rend compte qu’on ne dort pas assez, on peut ajouter 30 minutes par soir, etc.
Un autre défi peut être d’adapter les horaires de travail/personnels. Dans ce cas-là, le défi est plus pour le gérant de la salle d’entraînement que pour l’athlète. En effet, on pense que l’athlète doit toujours s’adapter aux horaires du gym, mais ce n’est pas toujours possible. Alors, on peut voir comment organiser l’horaire pour faciliter la vie de ses membres. Le défi est alors de changer les horaires après un sondage qui aura été fait auparavant avec les membres. Pourquoi est-ce que c’est dans les défis et non juste dans la gestion ? Parce que lorsque vous allez faire le changement, ce sera un défi de mettre le nouvel horaire en place. Il faudra le voir ainsi pendant les quatre premières semaines. Et c’est toujours compliqué de changer !
Il y a d’autres types de défi qui ne sont pas difficiles à mettre en place, mais qui auront un gros impact sur le fitness de vos athlètes. Exemple : cumuler 30 minutes de squat profond tous les jours. Ce n’est pas possible que tous le fasse durant les heures d’entraînement, mais hautement bénéfique pour la mobilité des hanches. L’idée peut être de communiquer ce défi en terminant ou commençant chaque cours avec 3 minutes de squat profond et encourager les membres à le faire 9 autres fois dans la journée, à leur guise. Si pendant 4 semaines vous intégrez 10 % (3 minutes) du défi dans le cours, ça sert de rappel et il y a de bonnes chances que la plupart des membres le fassent à l’extérieur. C’est un effet de groupe. De plus, pendant que les athlètes sont en position de squat, c’est un bon moment pour leur demander s’ils l’ont fait durant le reste de la journée, de célébrer qu’Isabelle en est à sa 15e minute de squat de la journée !
Un défi qui paraît évident, mais qui est rarement fait est d’augmenter la connaissance de ses membres sur la méthodologie CrossFit. Le guide de l’entraîneur (Trainer Guide) est disponible gratuitement en ligne dans la section journal du site de CrossFit.com. Choisissez un article important par semaine à faire lire à vos athlètes et prenez les 3 minutes du début ou fin du cours pour approfondir avec eux ce que sont le CrossFit, le Fitness, la santé, les points de performance des mouvements utilisés, la technique, etc. Il est très difficile de maximiser quelque chose qu’on ne comprend pas et sincèrement on voit très régulièrement de bons athlètes qui ne montent pas sur le podium à cause de leur méconnaissance de ce qu’est le CrossFit.
Enfin, les défis de « mind set », sont très importants et transcendent l’entraînement. Un défi aussi simple que d’être confiant en ses capacités au travail, à la maison, à l’entraînement. Ça peut être aussi se dire qu’on va se donner un objectif de performance en clean & jerk, en prise de décision au travail ou à la maison. Peu importe. Ce ne sont pas des habiletés qui sont différentes au gym et dans la vie quotidienne. Tout comme l’endurance, ça se travaille. Donc, dans ce type de défis, on veut juste faire démarrer l’étincelle de notre athlète afin qu’il puisse changer sa façon de penser et qu’il sache qu’on sera là pour le supporter. Ce n’est pas toujours un défi officiel où toute la box embarque en même temps, mais il est important de communiquer avec ses athlètes que c’est peut-être l’objectif le plus important du moment.
Allez, mettez-vous au défi avec les horaires de la box, mettez vos athlètes au défi avec le sucre, le sommeil, créez des habitudes avec les 3 minutes de squats, guidez vos athlètes dans leurs connaissances et faites leur prendre conscience que le cerveau, c’est comme les muscles, ça se travaille. Pensez en dehors de votre salle d’entraînement, et découvrez à quel point il est possible de maximiser les résultats sportifs avec des petits défis !
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